Le Bupreste de l'Aulne | |||||||
Le
5 mai 2011, lors d'une promenade au village du Saillant
qui partage ses âmes entre les communes d'Allassac pour sa partie
est et celle de Voutezac pour sa partie ouest, à la sortie du vieux
pont qui enjambe la Vézère, ce coléoptère s'est posé sur moi, ne
résistant pas certainement à un petit casting photographique
mettant en relief sa robe ponctuée d'éclats métalliques. Avec l'aide de l'entomologiste Michel Maylin ( remerciements ! ) qui accompagna la découverte nature à Perpezac le Blanc du 7 mai, il semble que cet insecte soit le Bupreste de l'Aulne. ( Dicerca alni ) On a pu juger de ses dimensions par rapport à celles de la main : sans compter les antennes, sa longueur est estimée entre 25 à 30 mm, soit plus grande que les données fournies par ailleurs. Classé dans les Elateroïdes car l'aspect rappelle un peu celui des "Taupins"; ce sont des espèces surtout méditerranéennes et des régions tropicales : 133 espèces très héliophiles en France; nommées "Richards" par Geoffroy en 1715 à cause de leur éclat métallique (vert, bleu, pourpre, bronzé...) qui les a fait utiliser en bijouterie ! (les "jewels beetles" ; Outremanche). Certaines sont nuisibles aux arbres et arbustes par leur xylophagie (Buprestes du pin, du tilleul, du thuya, du cassis, du framboisier...) mais beaucoup ont des larves saproxylophages ou phytophages (Bupreste du fraisier...) ou mineuses de feuilles (Trachys). Classement : Ordre : Coléoptères s-O : Polyphages section : Hétérogastres -S-F : Dascilloides ou Elateroides Famille : Buprestides Caractères essentiels de la Famille des Buprestides : - Vaste famille de près de 20000 espèces mondiales surtout tropicales (2200 dans l'hémisphère Nord) - Forme du corps allongée cunéiforme (terminée en pointe émoussée) - Antennes fililormes de 11 articles faiblement pectinées (Serricornes)` - Pronotum robuste plus ou moins soudé au mésothorax - Téguments très épais, résistants, souvent à reflets métalliques de couleur vive : rouge feu, vert, bleu acier, doré, bronzé...("Richards") - Ailes postérieures incolores ou enfumées de type canthoroïdien (1 nervure récurrente, pas de transversales) non repliées au repos ce qui leur permet de s'envoler vite au soleil! Pourquoi parler de cet insecte? - il ne semble ne pas avoir été repéré dans notre région. - il n'est pas commun en France, dans une situation plutôt méridionale. - il apparaît comme déterminant et bio-indicateur pour les ripisylves à vieux aulnes pourrissants. Voici à ce sujet, un extrait d'une étude du "SMIRIL 13 FRAPNA-Rhône " sur les Coléoptères saproxyiques. "Deux grandes espèces de Buprestidae exploitant préférentiellement les ripisylves pourvues d'arbres morts en abondance. Citons tout d'abord Dicerca aeneus, dont la larve exploite le bois mort des peupliers et des saules, mais également des aulnes. Cette espèce s'observe à l'état adulte aux heures chaudes de la journée sur les troncs des essences hôtes exposés au soleil. Cette espèce est sans doute la moins rare des deux espèces du genre Dicerca susceptibles d'être rencontrées dans ce type de milieu. Elle est d'ailleurs plus commune au fur et à mesure que l'on se dirige vers le Sud, dans la vallée du Rhône, elle remonte vers le Nord jusqu'à Lyon (Théry). L'espèce la plus remarquable est sans aucun doute Dicerca alni dont le cycle larvaire se déroule presque exclusivement dans le bois mort des Alnus. Plus rare que la précédente et aussi de répartition plus méridionale, elle a été récoltée dans le même piège vitre que Dicerca aenea, un mois plus tôt, lors du relevé du 15 août. Cette espèce ne semble plus subsister que dans les endroits où se développent encore des vieux aulnes. D'autre part très discrète, la meilleure façon de détecter sa présence reste le piège à interception. Ces deux espèces ne figurent pas dans la liste des bio-indicateurs saproxyliques de Brustel. Ceci s'explique par le fait que cette liste fait référence à des espèces de massifs forestiers et non de ripisylves. Il est cependant intéressant de noter que Brustel (2004) fait référence à Dicerca berolinensis, la troisième espèce du genre en France qu'il qualifie d'un indice fort de 5/7 en terme d'exigeance de conservation de milieu. On pourrait je pense, en raison des exigeances écologiques de nos deux espèces, doter aeneus d'un indice de 4/7 et alni de 5/7. D'ailleurs, Speight (1989) qualifie D. aenea d'espèce utile à l'identification des forêts d'importance internationale. Enfin, Dodelin (2009), dans son inventaire du site de Crépieux-Charmy n'a rencontré aucune des deux espèces. Pour notre part, nous signalerons une observation (Vasseur, 2007) de Dicerca alni à Irigny dans la ripisylve de la rivière la Mouche. Il y a donc fort à penser qu'une population de cet insecte soit établie sur cette rive, de façon très circonscrite. Notons que sur l'espace nature des îles et lônes du Rhône, la station 2 est la seule à nous avoir livré ces espèces. Agrilus viridis est un autre représentant de la famille des Buprestidae, dont la larve exploite le bois des Salix. Il s'agit d'une espèce commune très largement répandue dans toute la France et l'Europe." |
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