PAPILLONS ( Lépidoptères )
Naviguer avec les Papillons Les papillons bioindicateurs

Un guide tout en liens et en vignettes actives :
Les papillons diurnes de Corrèze
        (Rhopalocères et Zygènes)          
en tableau actif de vignettes    




La liste des Papillons de Corrèze
en tableau des noms

Papillons (dits) versifiés

Hesperiidae
Pyrginae
Hesperiinae

Papilionidae
Parnassinae
Papilioninae

Pieridae
Dismorphiinae
Pierinae
Coliadinae

Lycaenidae
Riodininae
Theclinae
Lycaeninae

Polyommatinae

Satyrinae

Nymphalidae
Apaturinae
Heliconiinae
Limenitinae
Nymphalinae

Zygènes de Corrèze
Zygaenidae
Procridinae
Zygaeninae






 Pourquoi le choix des papillons de jour (Rhopalocères et Zygènes) comme indicateurs des paysages ?


Les papillons de jours sont de plus en plus choisis comme outils d’évaluation des écosystèmes traduisant encore une relative naturalité. Lorsqu’ils prennent la tangente des paysages, c’est que toute naturalité en a disparu sous les effets anthropogènes.

D’autres insectes peuvent aussi remplir le rôle de bioindicateurs. Il s’agirait, par exemple, d’autres pollinisateurs tels certains Hyménoptères, des Coléoptères Carabidae éminemment réfractaires à une perte du substrat (mais d’une indication rendue aléatoire tant par leur trop grande dépendance des conditions climatiques que par leur vie occulte), des Coléoptères coprophages (actuellement en déclin car victimes de l’impact des produits vétérinaires), des Odonates et des Hydrocanthares quand il s’agit de la qualité des eaux mortes ou courantes, etc.
Le grand intérêt des Lépidoptères diurnes (Rhopalocères et Hétérocères Zygaeninae) réside dans les faits qu’ils sont aisément repérables, qu’ils fréquentent une grande diversité de paysages, qu’ils sont liés à des plantes nourricières de leurs larves ou nectarifères des adultes, pour la plupart d’une valeur tout autant estimable. Enfin, comme il s’agit d’un groupe d’insectes ayant dépassé le stade alpha de nos connaissances, l’entomologiste expert est apte à en déceler la présence par l’hyperconnaissance qu’il en a. Espèces sentinelles veillant à l’intégrité ou à un usage parcimonieux des lieux, espèces ombrelles déclinant la présence de tout un cortège, les papillons offrent aussi l’avantage de réagir ipso facto à la moindre altération de leurs conditions de vie. Un papillon est le reflet de ce qu’il y a dessous… A nous de savoir en décrypter le moindre recul et d’interpréter alors l’alerte qu’ils nous fournissent.

- L’ « effet papillon »

En Europe, il y a quelques temps que l’on utilise (enfin, que l’on essaie d’utiliser...) la filière papillons pour espionner la santé des écosystèmes, en vue de tabler sur leur durabilité et les ressources qu’ils nous dispensent. Et puis surprise, un jour les papillons eux-mêmes disparaissent, comme peuvent s’esquiver des témoins « gênants » ! C’est ce qui vient de se passer au Japon, et plus près de nous en Grande-Bretagne où le déclin des espèces est pourtant suivi au peigne fin, dans un pays où les sciences et la citoyenneté sont inversement proportionnelles au reliquat de vie sauvage. Environ 70 % de la totalité des espèces de papillons ont ainsi disparu en vingt ans au niveau régional ou national de ce pays très à cheval sur son biopatrimoine en peau de chagrin. Il vient donc de se passer exactement l’inverse de ce que croyaient les experts il y a également vingt ans, à savoir que ces insectes étaient beaucoup plus résistants parce qu'ils pouvaient voler et se déplacer. Curieux experts que ceux qui ne sont pas au fait des notions de niche écologique, d’habitat, d’espace de vol et de plantes-hôtes, ou qui ignorent que la grande majorité des papillons sont sténoèces, c’est-à-dire d’une plasticité écologique restreinte, à l’opposé de l’ample valence qu’on pourrait prêter à des animaux ailés. Et l’expert de conclure : «  Cela renforce les arguments de ceux qui se battent pour établir des politiques au niveau national et mondial destinées à limiter l'incidence de l'homme sur l'environnement . »

- Pourquoi veiller à la protection d’un papillon ?

La question ne se fait pas attendre : quel est le sens de telles interventions dirigées pour conserver les espèces les plus menacées de notre faune ou de notre flore ? Et plus prosaïquement : à quoi bon déployer de tels efforts pour un modeste invertébré que la plupart des gens ne connaît pas et ne rencontra même jamais ? La première réponse pourrait être d’ordre purement éthique et se résumer à cette déclaration de la Charte sur les invertébrés : «  Aucune espèce animale ou végétale ne doit disparaître à cause des activités de l’homme . » La seconde, plus pratique, consiste à souligner le fait que ces actions orientées vers une espèce donnée profitent bien souvent à tout un ensemble d'espèces animales et végétales qui sont soit liées directement à l'espèce visée, soit présentent grosso modo les mêmes exigences écologiques. C'est le concept connu de l’« espèce-ombrelle, sentinelle ou signal », formule désignant une espèce qui en « abrite » une série d'autres.

- Qu’est-ce que la biosurveillance, qu’est-ce qu’un bioindicateur ?

Agents essentiels des cycles biologiques, très sensibles au moindre effet nocif (notamment au niveau des plantes-hôtes dont ils sont tributaires), par un recul ou une extinction, les papillons sont les véritables révélateurs pour le diagnostic d’une telle situation. Solidaires de chaque écosystème, ils s’en avèrent être les meilleurs marqueurs synécologiques. Leur influence sur les écosystèmes se manifeste autant par leur présence que par leur absence. En ce sens, les plus signifiants ne sont pas à considérer spécifiquement mais en tenant compte de leur redondance, un peu sur le mode d’une guilde. L’utilisation de ces données entomologiques pour une gestion à long terme exige évidemment un suivi dans un concept scientifique.

La plupart d’entre-eux sont monophages ou oligophages, et étroitement inféodés à des plantes-hôtes sensibles et vulnérables. Il s’agit donc d’une panoplie d’éminents indicateurs biologiques qui réagissent aux modifications nocives par un recul, puis par la disparition. Les « insectes-outils » sont censément moins maniables mais sans nul doute plus précis que les vertébrés ou les plantes, tant pour la gestion et la sélection des sites à protéger, que pour l’évaluation de l’incidence biologique en baisse des surfaces menacées, en un mot pour la conservation du patrimoine naturel au service des populations rurales fragilisées par de nouvelles donnes économiques. Les espèces parfaitement sténoèces, hautement vulnérables, ne supportant pas un équilibre rompu par la moindre intervention, pression ou nuisance, ces dernières sont des bioindicatrices emblématiques de la valeur d’un milieu, aussi nommées « espèces-ombrelles » ou « espèces clés-de-voute » et veillent à la naturalité de l’habitat.

L’utilisation de données entomologiques pour une gestion à long terme exige une validation continue des dites informations. Les espèces d’insectes, dans leur grande majorité, ne sont identifiables que sous la loupe binoculaire, tandis que leur récolte sur le terrain nécessite des méthodes de prospection et d’échantillonnage adaptées. Chaque donnée unitaire implique donc : suivi de visites, capture, montage, étiquetage, identification, archivage et conservation-collection du spécimen dans un concept scientifique.
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