De l'aéroport à l'arboretum | ||||||
Samedi 9 juillet : L'an dernier, Mathieu Bonhomme du C.R.E.N. passant rapidement vers le nouvel aéroport de Brive-Souillac, a fait part d'une flore singulière avec quelques espèces méditerranéennes que l'on ne rencontre habituellement pas en Limousin. Ce matin de juillet paraissait propice pour effectuer une sortie dans ce secteur pour faire un état rapide des lieux. La construction de l'aéroport a nécessité de nombreux terrassements qui ont remué les terres calcaires du Causse, des travaux répartis entre les communes aux limites des départements du Lot pour Cressensac et de la Corrèze pour Nespouls. Plusieurs hypothèses peuvent être émises pour la soudaine apparition (ou réapparition) de ces espèces. Des graines ou des plants ont été amenés sur ces terrains remués ( berges de la nouvelle route desservant Estivals et terrains à proximité immédiate de l'enclos aéroportuaire ) soit fortuitement par des engins de terrassement ou par les aménageurs du projet , une autre hypothèse est que les graines ont eu après de nombreuses années l'opportunité avec les travaux de germer, soit qu'elles aient été présentes dans ces terrains ( des espèces avaient été observées il y a longtemps) ou amenées par un transport naturel ( oiseaux, animaux, vent ...). Le résultat est tout de même un enrichissement conséquent pour la flore du Limousin en espèces qui atteignent dans ce secteur leur limite septentrionale de répartition nationale. Au dessus, la Bonjeanie hirsute ou Pied-de-coq (Dorycnium hirsuta = Bonjeania hirsuta) est une Fabacée méridionale un peu buissonnante, aux folioles feutrées-soyeuses et charnues que l'on trouve sur les rocailles. Je l'emploie dans les jardins de notre région depuis longtemps pour ce bel aspect soyeux et sa résistance dans les endroits les plus secs. Cette espèce semble aussi comme le plantain plus loin n'avoir que des citations anciennes dans notre région. En dessous, la Badasse est une espèce proche (Dorycnium pentaphyllum) de la précédente et fréquente plutôt les garrigues méditerranéennes. Ces deux espèces trouvent ici les conditions nécessaires pour perdurer et faire de ce lieu une proue septentrionale dans leur répartition nationale d'une partie de la flore méditerranéenne. L'Argyrolobe de Linné ou Cytise argenté (Argyrolobium zanonii) suit aussi les conditions de répartition des deux précédentes. L'immortelle citrine (Helichrysum stoechas) est localisé en Limousin au bassin de Brive tout en y restant assez rare. La Psorélie bitumeuse ( Bituminaria bituminosa) poursuit le cortège des Fabacées méridionales, repérée depuis plus longtemps vers l'extrême au sud-est de la Corrèze, cette plante bénéficie déjà d'une protection régionale. Le Galéopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia ) est mal différencié d'espèces proches, il semble sur le Causse de Nespouls avoir un habitat naturel. Le Plantain sempervirent (Plantago sempervirens = P. cynops) est appelé aussi l'Herbe-aux-puces, mais beaucoup d'autres plantes bénéficient, si on peut dire, de ce genre d'appellation. Cette plante sort un peu de l'idée que l'on peut avoir des plantains, sa tige est ligneuse et très ramifiée en petit buisson, sa répartition disséminée se résume au sud-est de la France. En Limousin, Ernest Rupin né à Brive en 1845 et disparu en 1909, semble être le dernier à avoir cité l'espèce, Peut-être avons-nous fait ce dimanche une belle trouvaille sur les berges calcaires de la nouvelle route d'Estivals. Le plantain sempervirent en deux photos prises ce dimanche 10 juillet. L'épiaire annuelle (Stachys annua) fait partie des annuelles assez rares rencontrées sur le Causse corrézien. La Sauge officinale (Salvia officinalis) : une citation en Corrèze date également de Ernest Rupin. Pas si vulgaire le Thym dans ces conditions limousines. (Thymus vulgaris) Cette petite liste n'est pas exhaustive, cet endroit devrait encore nous réserver de belles surprises en y effectuant quelques relevés à d'autres moments de l'année. Dimanche 10 juillet : Depuis Beynat, Jean-Pierre Roubertou nous a guidé puis fait visiter sa pépinière installée dans le joli cadre d'une clairière au lieu-dit les Gratades, puis il nous a emmené dans son arboretum en cours de constitution, non loin de là dans un cadre champêtre et forestier où coule un petit ruisseau. Lysimachia clethroides venant de l'Extrême-Orient est une vivace rhizomateuse de près d'un mètre, les feuilles de 10 à 15 cm de long sont alternes et lancéolées et deviennent orange à l’automne. Les fleurs blanches sont réunies en épis en ‘bec de canard’. Cette plante aime un sol frais et plutôt humide pour bien se développer. Ci dessous, la variété de Buddleia à droite attirait un bon nombre de papillons : pas de mauvaise odeur de fumée malgré l'omniprésence du Tabac d'Espagne
Aux Gratades, il y a des joubarbes à profusion ; de quoi protéger le toit de votre chaumière des foudres de Jupiter ou de celles de votre moitié si elle est gaélique. Cliquer ici pour éclaircissement . "Welcome-home-husband-however-drunk-you-be" ("Bienvenue à la maison mon homme même si tu es saoul") Tout un programme dans le nom de cette espèce très résistante. Le public est attentif aux dires du maître des lieux sous sa casquette de pépiniériste. Une échelle pas vraiment parallèle à celle des salaires malgré une certaine similitude. L'immersion dans le végétal Metasequoia glyptostroboides : le métaséquoïa a d'abord été décrit comme un fossile de l'ère mésozoïque et en 1941, une petite station d'un arbre d'espèce inconnue fut découverte en Chine. En 1943, on trouva en Chine centrale, dans le Sichuan, près d'un temple, un arbre dont il fut envoyé des échantillons à Pékin. Du fait des événements de la Seconde Guerre mondiale, cet arbre ne fut pas étudié jusqu'en 1944 et ce n'est en 1948 qu'il fut enfin décrit comme une espèce nouvelle vivante de Métaséquoïa. Cette même année, l'arboretum Arnold de l'université Harvard organisa une expédition pour recueillir des graines et par la suite des plants issus de semis furent distribués à différents arboretums et universités dans le monde pour faire des plantations expérimentales. Depuis, de nombreux jardins botaniques cultivent cette espèce que l'on croyait disparue depuis environ 100 millions d'années. Ses graines germent facilement et les plants montrent un développement rapide. En automne, ses aiguilles prennent une couleur brun-clair et finissent par tomber avec les petits rameaux qui les supportent. Une aptitude à la conversation et en parallèle la conservation d'attitude. Toutes les feuilles ne sont pas d'automne.
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