Les estivalières méconnues 
Le Limousin dans cette partie comprise entre Uzerche et le rebord du plateau au sud occupé par le filon ardoisier,
peut apparaître dans sa végétation comme relativement banalisé.
Les bois comme partout dans notre région occupent une bonne partie du territoire mais offrent des aspects différents
selon leur situation en fond de vallées, sur les pentes ou sur le plateau lui-même.
Les autres terres constituées de prairies souvent destinées à l'élevage ou à l'arboriculture fruitière n'offrent guère
de surprise au promeneur naturaliste.
Mais cette région malgré ce tableau un peu restreint offre tout de même quelques belles surprises que je vous propose
de découvrir au travers des Estivalières, ces plantes parfois assez inconnues que l'on surprend au détour d'une promenade
vers Estivaux où je réside à la belle saison.

L'autre matin en ouvrant mes volets , mon œil fut attiré par le flamboiement de ces petites fleurs au pied de la grange
de mon voisin dans sa propriété délaissée.
Le coquelicot argémone ( Papaver argemone ) occupe une bande sèche au pied des murs de la grange, argémone évoque
l'argémon, un ulcère de la cornée, peut-être en référence également à Argos, ce géant aux 100 yeux (qui a donné l'expression
"avoir des yeux d'argus" : voir le récit du récent voyage en Grèce )



Comme un gentil coquelicot, l'Argémone peut vous améliorer la vue et ainsi le découvrir avec étonnement sous les fenêtres d'Estivaux.
La présence 
de cette Papavéracée est si disséminée qu'elle n'était plus repérée en Corrèze dans notre Atlas de référence des plantes du Limousin .







La Potentille droite ( Potentilla recta ) fait une apparition discrète dans notre département.
Espèce plutôt méridionale mais qui est aujourd'hui en extension dans des milieux secs de préférence.
Plante velue dont les feuilles sont divisées en folioles dentées jusqu'à la base.
Les fleurs jaunes forment un corymbe terminant la tige et peuvent décorer votre talus ensoleillé et sec.
Ci-dessous, la feuille élégante et très découpée évoque une autre plante plante à feuilles digitées qui peut faire rire.






L'Ail des ours ( Allium ursinum ) n'est pas réservé que pour ces plantigrades plus ou moins bien léchés,
il peut vous allécher dans votre salade en remplaçant l'ail cultivé.
J'ai rencontré aussi il y a quelques années dans les gorges profondes de la Vézère,
son cousin botanique encore plus montagnard : l'Ail des victoires ( Allium victorialis ).


La Cuscute du Thym ( Cuscuta epithymum ) est une parasite sur de nombreuses espèces herbacées basses de nos contrées
Pour savoir comment se développent ces plantes, qui enlacent leurs victimes avant parfois de les étouffer :  cliquer ici


La Potentille des marais ou Comaret ( Potentilla palustris ) fréquente les marécages du relief du Limousin.
Vers Estivaux on peut la rencontrer dans une belle zone humide qui recèle également bien d'autres plantes de ces milieux
spécifiques comme la Violette des marais, la Campanille, le Cirse des Anglais.






La Violette des marais ( Viola palustris) plus discrète que ses congénères de même genre ne s'aventure pas dans le Bassin de Brive.





La Corydale solide ( Corydalis solida ) aime les fonds un peu frais de la vallée au sud de Comborn, et le Citron est un fervent adepte
de cette première fleur printanière, après certainement un long repos hivernal dans la quiétude de ce vallon.






Lepidophorum repandum  ( pas de nom français : on peut essayer le Lepidophore ) est une plante endémique du Portugal,
 pourtant depuis une dizaine d'années elle agrémente par sa prodigalité notre village çà et là chaque été,
se ressemant avec une très grande facilité.
Elle ne semble pas pouvoir s'imposer sur toute la région quand on sait qu'elle a du mal à conquérir l'Espagne,
toute proche de ses origines.
La connaissez-vous dans votre secteur ?


L'Orchis brulé dont le nom latin a évolué de Orchis ustulata vers Neottinea ustulata se rencontre
dans 5 stations de la commune, dont deux plus étendues dans des prairies assez humides
à proximité quelquefois des marécages.




Le Faux Coqueret  ou Pomme du Pérou ( Nicandra physaloïdes ) appartient à la famille des Solanacées.
Cette plante a l'air d'apprécier certains jardins de notre secteur, souvent dans les lieux riches en azote,
à proximité des poulaillers par exemple.
Le feuillage et les graines sont toxiques. On peut la planter au jardin potager car elle éloigne naturellement
les mouches blanches.
Les fruits séchés formeront de jolis bouquets grâce à leur enveloppe ressemblant à une lanterne japonaise.
On peut aussi la planter en massif pour sa floraison généreuse et pour son aspect décoratif en fin de saison.







La Coronille bigarrée ( Securigera varia ) recherche plutôt les sols alcalins, ainsi on la trouve au pied de murets cimentés
certainement avec la chaux dans quelques hameaux de notre secteur.








La Scille Lis-jacinthe ( Scilla lilio-hyacinthus ) est une espèce sciaphile ( = aimant l'ombre) des fonds de vallée.
Elle jalonne assez fréquemment  les berges de la Vézère tout au long des gorges entre Uzerche et le Saillant.






Le Céraiste aquatique ( Myosoton aquaticum ) est rarement cité en Corrèze, mais
plusieurs stations jalonnent les rives de la Vézère.
C'est une plante qui a vu beaucoup varier son genre scientifique : Malachium, Stellaria, Cerastium.




L'Œillet des bois ( Dianthum sylvaticum ) fréquente les altitudes moyennes du Massif Central,entre 400 m et 1000 m.,
A Estivaux, elle a fait l'effort de perdre un peu de hauteur pour nous délivrer ses jolis coloris.






La Vipérine à feuilles de Plantain ( Echium plantagineum ) s'est installée depuis plusieurs années
dans notre village, elle est réputée dans nos flores comme une espèce plutôt rare et
restreinte aux endroits arides méridionaux.
Cette vipérine est employée en médecine populaire contre la grippe, les inflammations pulmonaires
et les fièvres éruptives infantiles. Utilisée comme plante fourragère et  introduite en Australie,
elle y est devenue une plante invasive mais dans nos jardins européens, je lui trouve un aspect très décoratif.  



La Jussieue à grandes fleurs ( Ludwidgia grandiflora )  occupe depuis plus de douze ans un étang en contrebas du village d'Estivaux,
est-ce une première apparition en Corrèze ?, pour cette plante considérée comme invasive et dommageable pour la vie naturelle des
plans d'eaux.
Disparaissant presque complètement l'hiver, du printemps à l'été, cette plante est capable de recouvrir une bonne partie de la surface de l'étang.




L'Ortie rouge ( Lamium maculatum ) comme le Céraite aquatique fréquente les berges sableuses
de notre grande rivière, vers Comborn par exemple.





Le Trèfle souterrain ou Trèfle semeur ( Trifolium subterraneum ) qui est bien présent dans les prairies siliceuses
de Brive, trouve sur quelques coteaux bien exposés les conditions pour se ressemer chaque année.




La Raiponce de France ( Phyteuma gallica ) est la seconde surprise de ce printemps d'Estivaux après le Coquelicot argémone .
Un talus caché sous l'ombrage de grands chênes près de la rivière vers Comborn abrite quelques individus que l'on retrouvent
généralement plus haut en altitude sur les rives de la Vézère.
On peut noter que cette belle espèce est une endémique de nos régions entre Limousin et Auvergne.
L'endémisme caractérise la présence naturelle d'un groupe biologique exclusivement dans une région géographique délimitée.
Pour la flore, cette qualité est généralement associée à un lieu géographique isolé des autres : iles, hautes montagnes...
Cette qualité se rencontre évidemment peu souvent dans nos contrées, soumises à une facile relation avec les régions voisines.



La page des estivalières n'est pas close, d'autres surprises nous attendent sûrement au détour du chemin.



Haut de page Page actualisée le 27 mai 2011 ; DG