Naviguer dans le site | Un tigre dans la ville | Documents associés | |
|
Le tigre n'est plus dans le moteur, ce n'est plus à la mode ,
mais peut nous laisser sur la carrosserie de la voiture garée
sous les platanes de la ville de Brive quelques traces de son
actvité, alors découvrons ce nouveau venu, nouveau souci dans
notre paysage urbain. Le
tigre du platane Par Patrick DAUPHIN, Entomologiste Société Linnéenne de Bordeaux, 1 place Bardineau, 33000 Bordeaux
Cette petite Punaise de la famille des Tingidés est très facile à reconnaître à son aspect et son habitat exclusif sur les Platanes. Tous les Tingidés ont un tégument réticulé caractéristique, et leur aspect “en dentelle” est très décoratif. On doit à J. Péricart (1983) une remarquable synthèse sur cette famille. Corythucha ciliata, le “Tigre” du Platane, est à l'origine une espèce américaine, commune sur Platanus orientalis. Son
importation accidentelle en Europe date de 1964 en Italie, où
l'insecte s'est rapidement répandu ; il a atteint
la Yougoslavie en 1970, puis la Riviera française en 1974 ; en
1977, il est signalé de l' Hérault, du Vaucluse, du
Var, des Alpes-Maritimes et de Corse. On le rencontre en Espagne en
1980. Il n'a ensuite cessé de progresser vers le Nord de la
France, atteignant le Sud-Ouest (Dordogne) en 1983. Il occupe
aujourd'hui plus de la moitié Sud de notre pays, et a même
été signalé à Paris intra-muros
(A.Matocq, comm. Pers.). Non
seulement l'espèce s'est parfaitement acclimatée sur la
majeure partie de l'Europe méridionale, mais
elle est devenue omniprésente et très abondante sur les
Platanes où elle pullule littéralement. Les adultes hivernent sous les écorces des Platanes, parfois dans d'autres gîtes. A l'approche de l'hiver, on les trouve en nombre sous les écorces, puis leur abondance diminue progressivement. Au printemps, les survivants colonisent à nouveau les feuilles et le cycle recommence, avec plusieurs générations par an. Tous les Tingidés sont phytophages, et se nourrissent en implantant leurs stylets dans les cellules végétales,en y injectant de la salive et en aspirant les éléments digérés, ce qui provoque la mort de la cellule affectée ; Corythucha, comme beaucoup d'autres espèces, ponctionne surtout le tissu palissadique chlorophyllien, d'où le jaunissement des feuilles. Les larves vivent parmi les adultes et ont la même biologie ; il existe cinq stades larvaires, comme chez les autres Hémiptères ; l'ensemble du cycle dure de 20 à 30 jours. La propagation très rapide de cet insecte fut certainement grandement facilitée par les plantations en ligne des arbres le long des routes. Les pullulations sont telles qu'elles peuvent causer un affaiblissement important des arbres, justifiant parfois des traitements phytosanitaires. Les Platanes ont peu de parasites ; on y trouve aussi presque constamment une petite Cicadelle jaune pâle, Edwarsiana platanicola Vid., implantée en France méridionale depuis 1965, et très commune dans notre Sud-Ouest, dont la biologie est proche de celle de Corythucha ; beaucoup plus rarement, on peut observer des mines dues à un Microlépidoptère, Phyllonorycter platani Staud., dont les chenilles vivent dans l'épaisseur des feuilles. |
Corythucha ciliata Corythucha ciliata |
|
Haut de page | Page actualisée le 18 décembre 2008 |