Bleu-ou-Brun

Comme pour chaque espèce vivante, depuis que la classification mise en place par Carl von Linné est en vigueur,
cette libellule est définie par quatre éléments : le nom du genre, de l’espèce, de l’auteur qui, le premier, en a fait la description, et l’année de cette description, avec, dans ce cas précis, les deux derniers éléments mis entre parenthèse.
Peuvent parfois figurer le nom de la sous espèce, s’il y a lieu, et la localité type, c'est-à-dire le lieu d’où provient ce premier spécimen décrit.

Un retour aux sources s’impose pour tenter de comprendre ce choix de couleur. Il faut pour cela consulter les Annales de la Société Entomologique de France, séance du 1er février 1837, consacrées à la monographie des Libellulines des environs d’Aix, par M. Hippolyte Boyer de Fonscolombe.

On y trouve la description détaillée de la Libellula brunnea, dont le mâle est «entièrement d’un jaune-grisâtre».
Suivent pour les différentes parties du corps des nuances de couleurs, dont «le derrière des yeux jaune obscurément taché de brun», et «le milieu des cotés, sous les ailes, est gris-glauque au devant, puis brunâtre (…) ».
S’ensuivent plusieurs autres nuances de couleurs en «âtre».

Bien peu de brun dans cette description, et il en est de même pour la femelle, «plus jaunâtre que le mâle», et dont « les côtés des segments abdominaux sont marqués d’une tache ou bande longitudinale plutôt brune que violâtre (….)».

Il semble donc que le spécimen décrit était un immature, l’ensemble des nombreuses couleurs en «âtre» donnant cette impression de brun qui a prévalu pour lui adjoindre cette couleur latinisée en brunnea, puis en brunneum, spécimen loin encore de l’individu adulte recouvert de ce «pollen bleuâtre» que montre la photo.

Ce n’est que plus tard que cette libellule a été rattachée au genre Orthetrum, et par convention, quand un tel changement de se produit, le nom de l’auteur, et l’année de la description sont conservés, mais placés entre parenthèse. M. de Fonscolombe reste donc «l’auteur» de cette espèce.